Étymologie [modifier]La grande vague de Kanagawa (
The Great Wave of Kanagawa, 神奈川沖浪裏, Kanagawa oki nami ura).
Gravure sur bois polychrome par
Katsushika Hokusai (vers 1831),
Trente-six vues du mont FujiLe terme
tsunami (
kanji : 津波) est un mot japonais composé de
tsu (津), «
port », « gué », et de
nami (波), «
vague » ;
il signifie littéralement « vague portuaire ». Elle fut nommée ainsi
par les pêcheurs qui, n'ayant rien perçu d'anormal au large,
retrouvaient leur ville portuaire ravagée. Le mot est francisé, il
prend donc un
s au pluriel (des tsunamis).
Dans l'expression « raz-de-marée », le terme « raz » désigne un courant rapide. C'est un mot d'origine
viking qui a été importé lors de l'invasion de la
Normandie, puis est passé dans le
breton avant de passer dans le français. Il a également donné le nom à la
Pointe du Raz, et le mot
anglais race (
course), qui évoque également la rapidité, a la même étymologie
[2].
Le raz-de-marée est un phénomène qui n'a rien à voir avec
les marées, qui sont provoquées par l'
attraction de la
lune et du
soleil ;
le raz-de-marée est provoqué par des événements d'origine terrestre.
L'association avec les marées fait référence à son apparence, comme une
crue extrêmement rapide du niveau de la mer, plutôt que comme une vague
géante. Par ailleurs, ce terme reste imprécis car il ne préjuge pas de
l'origine sismique du phénomène : le passage d'un
ouragan peut également élever le niveau de l'eau d'un à deux mètres et provoquer des inondations similaires (exemple, l'
ouragan Katrinaà la Nouvelle-Orléans); certaines baies ou certains ports ayant une
configuration particulière peuvent réagir au passage d'une dépression
en se vidant et/ou en se remplissant rapidement : on parlera d'un
tsunami météorologique, phénomène assez fréquent en
Méditerranée (
Baléares,
mer Adriatique) qui peut entraîner des dégâts.
Pour éviter l'association fausse avec les marées et pallier l'imprécision du terme « raz-de-marée », les scientifiques préfèrent le mot
tsunami, officialisé en 1963
[réf. nécessaire]. Le terme est passé par ailleurs dans la langue courante en 1915.
[3] Création, propagation et déferlement [modifier]Fig. 1 - Vie d'un tsunami : création par un séisme, propagation et déferlement sur les côtes
Un tsunami est créé lorsqu'une grande masse d'eau est déplacée. Cela peut être le cas lors d'un séisme important, d'une
magnitude de 7 ou plus, lorsque le niveau du plancher océanique le long d'une
failles'abaisse ou s'élève brutalement (voir Fig. 1), lors d'un glissement de
terrain côtier ou sous-marin, ou lors d'un impact par une météorite. Il
est notable qu'un fort séisme ne produit pas
nécessairement un
tsunami : tout dépend de la manière dont se modifie le niveau du
plancher océanique aux alentours de la faille et dont la déformation
est transmise à la colonne d'eau.
Le mouvement de l'eau provoque un mouvement de grande
longueur d'onde(généralement quelques centaines de kilomètres) et de grande période
(quelques dizaines de minutes). Lorsque la cause du tsunami a lieu près
d'une côte, celle-ci peut être atteinte en moins d'une heure ; on parle
alors de tsunami local.
Certains tsunamis sont capables de se propager sur des distances de
plusieurs milliers de kilomètres et d'atteindre l'ensemble des côtes
d'un océan en moins d'une journée. Ces tsunamis de grande étendue sont
généralement d'origine tectonique, car les glissements de terrain et
les explosions volcaniques produisent généralement des ondes de plus
courte longueur d'onde qui se dissipent rapidement : on parlera de
dispersion des ondes.
Ce n'est pas principalement la hauteur du tsunami qui en fait sa force destructrice,
mais la durée de l'élévation du niveau de l'eau et la quantité d'eau
déplacée à son passage : si des vagues de plusieurs mètres de hauteur,
voire d'une dizaine de mètres, sont légion sur les côtes de l'océan
Pacifique, elles ne transportent pas assez d'eau pour pénétrer dans les
terres. Au contraire, un tsunami d'une hauteur d'un ou deux mètres peut
s'avérer ravageur, car la quantité d'eau qu'il transporte lui permet de
déferler jusqu’à plusieurs centaines de mètres à l'intérieur des terres
si le relief est plat et sans obstacles naturels (arbres, par exemple).
On peut voir le phénomène sous un autre angle : une vague classique,
d'une période d'au plus une minute, n'élève pas le niveau de l'eau
suffisamment longtemps pour qu'elle pénètre profondément, tandis que le
niveau des eaux s'élève au-dessus de son niveau normal pendant 5 à 30
minutes lors du passage d'un tsunami.
Dangers liés [modifier]Les dangers liés aux tsunamis sont dus à l'inondation qui en
résulte, à la force du courant qu'ils engendrent tant lors du flux que
du reflux et à sa capacité à happer les personnes au large.
Pertes humaines [modifier]Gens fuyant, à l'approche d'un tsunami, à
Hilo (
Hawaii), le
1er avril 1946.
Les victimes emportées par un tsunami peuvent recevoir divers coups
par les objets charriés (morceaux d'habitations détruites, bateaux,
voitures, etc.) ou être projetées violemment contre des objets
terrestres (mobilier urbain, arbres, etc.) : ces coups peuvent être
mortels ou provoquer une perte des capacités, perte menant à la noyade.
Certaines victimes peuvent aussi être piégées sous les décombres
d'habitations. Enfin, le reflux du raz-de-marée est capable d'emmener
des personnes au large, où elles dérivent et, sans secours, meurent de
noyade par épuisement ou de soif.
Dans les jours et les semaines suivant l'événement, le bilan peut
s'alourdir, en particulier dans les pays pauvres. L'après-tsunami peut
être plus mortel que la vague elle-même. Les maladies liées à la
putréfaction de cadavres, à la contamination de l'eau potable et à la
péremption des aliments sont susceptibles de faire leur apparition. La
faim peut survenir en cas de destruction des récoltes et des stocks
alimentaires.
Pour exemple, le
Tsunami du 26 décembre 2004 a fait plus de 200 000 morts
[4].
Dégâts [modifier]Train renversé par le
tsunami du 26 décembre 2004 au
Sri Lanka.
Les tsunamis sont susceptibles de détruire habitations, infrastructures et flore en raison :
- du fort courant qui emporte les structures peu ancrées dans le sol (voir la photo ci-contre) ;
- de l'inondation qui fragilise les fondations des habitations,
parfois déjà atteintes par le tremblement de terre précédant le
raz-de-marée ;
- de dégradations dues aux chocs d'objets charriés à grande vitesse par la crue.
De plus, dans les régions plates, la stagnation d'eaux maritimes
saumâtres peut porter un coup fatal à la faune et à la flore côtières,
ainsi qu'aux récoltes. Sur les côtes sableuses ou marécageuses, le
profil du rivage peut être modifié par la vague et une partie des
terres, immergées.
- des pollutions induites par la destruction d'installations dangereuses et de dispersion de toxiques, de pathogènes
à partir de ces installations (usines, décharges sous-marines..) ou par
dispersion de sédiments pollués (estuaires, ports, en aval d'émissaires
industriels, décharges sous-marines ou littorales). Lors du Tsunami du
26 décembre 2004, un dépôt de munitions immergées
a par exemple été dispersé sur les fonds marins sur de grandes
distances. Il existe plusieurs centaines de décharges sous-marines dans
le monde, contenant notamment des déchets nucléaires et des déchets
militaires ou industriels hautement toxiques.
Les récifs coralliens peuvent également être disloqués et mis à mal par le tsunami lui-même et par la
turbidité de l'eau qui peut s'ensuivre les semaines suivantes, ainsi que par les polluants (
engrais,
pesticides..) que l'eau a pu ramener.